Afin de loger les ouvriers et leurs familles dans les banlieues des grandes villes et aux alentours des puits de pétrole et de gaz et des mines, le gouvernement soviétique cautionna la construction de nombreux blocs en béton de 14 étages en moyenne. Avec la croissance démographique des grandes villes et en particulier de la capitale (la population de Moscou intra muros augmente de 100 000 habitants par an en moyenne), ces blocs continuent de pousser comme des champignons. Ils s'étalent toujours plus loin et toujours plus haut (25 étages en moyenne). Ils forment les "quartiers dortoirs".
La particularité des blocs d'appartements construits sous l'ère soviétique est que tous les logements sont parfaitement , totalement identiques. L'agencement d'un appartement d'un bloc à Moscou est exactement le même que celui d'un appartement d'un bloc à Saint Pétersbourg, Vladivostok ou dans n'importe quelle autre ville de l'ex URSS. En plus d'habiter des appartements identiques, toutes les familles soviétiques avaient le même mobilier et le même équipement électroménager. En effet, sous l'URSS, les gens n'avaient pas autant de choix qu'aujourd'hui et tout le monde avait le même poste de télé, le même réfrigérateur, le même parfum, le même dentifrice, tous fièrement fabriqués en URSS.
Cette standardisation excessive de l'habitat soviétique est reprise avec humour dans la célèbre comédie soviétique "L'ironie du sort" de 1976. Le héros, Eugène, habite au 3 rue des bâtisseurs, immeuble 25, appartement 12 à Moscou. La veille du Nouvel An, Eugène se rend au bania (le saune russe) avec ses amis. Ils en ressortent saouls et accompagnent l'un d'entre eux à l'aéroport. Mais c'est Eugène qui fini assis dans l'avion en direction de Leningrad. A son arrivée, Eugène est toujours éméché et se croit encore à Moscou. Il appelle un taxi et lui donne son adresse moscovite. Lorsqu'il arrive devant un immeuble identique au sien, il ne soupçonne rien et monte à l'appartement qu'il ouvre sans peine puisque toutes les serrures en URSS sont standards. A l'intérieur, les meubles sont les mêmes et Eugène, qui se croit chez lui, s'endort. Mais quelques heures plus tard Nadejda, l'habitante de l'appartement, rentre chez elle...



